Entre 1913 et 1949, un petit tramway électrique parcourait tranquillement les campagnes du Libournais, reliant Saint-André-de-Cubzac à Libourne. Aujourd’hui presque effacé des mémoires, ce train discret a pourtant marqué la vie quotidienne de nombreux villages girondins.
Exploitée par les Tramways Électriques du Libournais, cette ligne fut mise en service le 14 avril 1913. Elle faisait partie d’un réseau à voie métrique alimenté par un courant alternatif de 6600 volts — une technologie alors pionnière en France. Longue d’environ 20 kilomètres, la ligne serpentait à travers vignes et coteaux, tissant un lien essentiel entre les zones rurales et les villes plus importantes.
Le tramway desservait plusieurs haltes : Saint-André-de-Cubzac, Lalande-de-Fronsac, Lugon et l’île du Carnay, Saint-Germain-de-la-Rivière, Fronsac, et enfin Libourne. Chaque arrêt était un petit centre de vie : on y montait ou descendait, on y chargeait du lait, du vin, du bois, et parfois même du courrier. Dans une région encore peu motorisée, ce tramway représentait bien plus qu’un moyen de transport. Il reliait les habitants aux marchés, aux écoles, aux soins — à la vie, tout simplement.
Mais après la Seconde Guerre mondiale, l’essor de l’automobile et la modernisation du réseau routier ont eu raison du tramway. Jugée obsolète, la ligne est fermée en décembre 1949, après 36 années de service. Les rails sont arrachés, les gares abandonnées ou transformées, et peu à peu, le souvenir du tramway s’est effacé du paysage.
Aujourd’hui, il ne subsiste que quelques traces de cette époque : des cartes postales anciennes, une photo sépia d’une rame à Fronsac, ou encore des gares reconverties, comme celle de Saint-Germain-de-la-Rivière. Quelques passionnés d’histoire locale militent pour que cette mémoire ne disparaisse pas tout à fait. Certains rêvent même de transformer l’ancien tracé en sentier patrimonial, pour faire revivre, à pied ou à vélo, l’histoire oubliée du tramway du Libournais.
